Même si sa pratique n’est plus considérée juridiquement comme un crime, la personne prostituée est tout de même perçue comme une victime. Le terme « se prostituer » vient du latin et signifie « placer devant ».
Pendant l’Antiquité, des établissements privés et organisés permettaient aux dignitaires d’assouvir leurs fantasmes, et les esclaves romains alimentaient en grande partie la prostitution à moindre coût. Les prostituées exerçaient également dans la rue, assez souvent sous contrôle d’un membre masculin de leur famille. Au Moyen ge, les responsables religieux bien pensants et les seigneurs se mettent à encadrer et organiser la prostitution pour en tirer le meilleur profit financier. Elle est de fait considérée comme naturelle et d’un moindre mal, surtout qu’elle rapporte à la société médiévale quelques deniers bienvenus. Par contre son exercice en est contrôlé et assez ordonné avec jours d’ouverture, tenues distinctes des autres femmes, afin de canaliser l’agressivité sexuelle des plus pressants. À la fin du 16e siècle, les tendances se renversent et la tendance est à la fermeture de ces lieux de perdition que sont les maisons closes, même si certaines perdurent de manière clandestine. Petit à petit, considérée comme un fléau et un asservissement indigne de la part de celles et ceux qui la pratique, la lutte s’organise et Louis XIV, emprisonne même celles qui s’y adonnent. Sous la Révolution force est de constater que les mesures de répression ont eu un effet contraire, puisque l’on dénombre 30.000 prostitués « simples » et 10.000 « luxe ». Une évidence de tolérance s’impose et le Directoire et Napoléon mettent un point d’honneur à codifier la réglementation des maisons closes. Au 19e siècle, la tentation est grande de l’assimiler à de l’esclavage pur et simple, mais les bordels font tout de même partie d’un paysage social où des hommes très respectables aiment à se rendre pour se détendre.
Des réseaux parallèles s’organisent dans toutes les couches de la société, bar, salon de coiffure, d’esthétiques, parfumerie, où officient des « montantes » qui n’hésitent pas à vendre leurs charmes à des clients assidus.
Le concept reste le même dans l’histoire de l’humanité. Des êtres sont poussés par la vie ou par d’autres individus qui les exploitent de gré ou de force, à se prostituer pour subvenir à leurs besoins les plus basiques. Aujourd’hui deux camps s’affrontent ceux qui souhaitent l’abolir pour cause d’atteinte à la dignité humaine et ceux qui aimeraient la réglementer, pour lesquels il s’agit d’une activité presque comme une autre qui doit donner lieu à des cadres de lois et des exigences communes à n’importe quel autre travail. Sujet tabou par excellence le débat tourne en rond en Occident, tandis que dans les pays défavorisés, l’exploitation des mineurs et des mineures à des fins sexuelles est monnaie courante. Les associations caritatives œuvrent quand à elles à maintenir hygiène et santé publique auprès de cette « profession » à haut risque. Un travail sur le terrain et de longue haleine qui n’est pas près de cesser compte tenu de la recrudescence de la prostitution en certaines parties du globe.